Ҩ NOM DU PASSAGER : Joseph Groves Boxhall
Ҩ LIEU DE DÉPART : Southampton.
Ҩ ÂGE : 28 ans.
Ҩ ORIGINAIRE DE : Hull, Angleterre.
Ҩ CLASSE : 1re [] 2e [] 3e [] équipage [] officiers [x] clandestins []
Ҩ Nº DE CABINE : réponse;

Ҩ PRÉNOM : Marion.
Ҩ ÂGE : 18 ans.
Ҩ CHANSON DU MOMENT : King Without a Crown - Matisyahu.
Ҩ AVATAR : Michael Trevino *___*
Ҩ CRÉDITS DE LA BANN' : TUMBLR.
Ҩ COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Bazzart.
Ҩ UNE CASS-DÉDI? Je n'ai rien à rajouter, si ce n'est que ce forum est vraiment magnifique. ♥

Il n'était pas rare d'entendre des cris de joie et des rires s'élever de la plage près de laquelle se trouvait la maison des Boxhall. Lorsqu'ils n'étaient pas à l'école, les trois enfants - la petite dernière n'étant encore qu'un nourrisson et restant donc à la maison - de Joseph et Miriam Boxhall se trouvaient régulièrement à la plage où ils aimaient passer du temps. Si leur mère ou leur père n'était pas là pour les surveiller, ils avaient pour ordre de s'en tenir à la plage et de ne surtout pas s'approcher de l'eau. Malheureusement les règles sont faites pour être enfreintes et c'est ainsi que Joseph et Elisabeth se retrouvèrent à nager joyeusement malgré la fraîcheur de l'eau et les cris désapprobateurs de leur petite sœur.
Les deux aînés avaient toujours été les plus intenables, les plus sûrs d'eux. Enfants dynamiques et joueurs, il arrivait souvent qu'ils désobéissent et ils le démontraient une fois de plus. Joseph avait dix ans et entraînait régulièrement sa cadette dans les pires bêtises possibles, même s'il arrivait parfois que l'inverse se produise également. Inséparables et farceurs, ils avaient tendance à mener la vie due à leurs parents. Hélas, les règles sont certes ennuyeuses mais sont mises en place pour une bonne raison. En effet, la plage n'est pas un endroit sûr pour des enfants car la mer qui la borde est connue pour ses courants incroyablement glacials, qui vous paralysent en quelques secondes. Certaines vagues s'abattent sur vous et vous traînent jusqu'au fond de l'eau, pour ne plus jamais vous laisser remonter. L'eau est un élément capricieux, à l'humeur incroyablement changeante, et si les adultes l'ont vite compris, les enfants qui n'ont pas encore expérimenté ce danger ne peuvent s'en rendre compte.
Ainsi, la petite Blanche passa de longues minutes à s'époumoner, menaçant son frère et sa sœur d'aller prévenir leur mère, les avertissant du danger - car après tout, leur père leur avait bien dit que la mer était dangereuse. Mais ses aînés se contentèrent de rire et de continuer, jusqu'à ce que Elisabeth se prenne le pied dans un trou d'eau. Elle disparut soudainement et Joseph ne s'en préoccupa pas au début, pensant que sa sœur nageait sous l'eau, tout simplement. Mais alors que la jeune fille se débattait pour remonter à la surface, une vague particulièrement violente s'abattit sur elle et la traîna encore plus loin de l'endroit où son frère commençait seulement à s'inquiéter. Joseph appela le nom de sa sœur. Une fois. Deux fois. N'obtint pas de réponse et commença à paniquer. Le garçon inspira longuement, bloqua sa respiration, puis plongea la tête sous l'eau. L'eau salée lui brula les yeux mais il ignora la douleur et regarda autour de lui, son cœur battant la chamade. L'eau mêlée aux grains de sables qu'elle soulevait était bien trop trouble pour discerner quoi que ce soit. Alors il remonta à la surface et recommença à appeler. « ELISABETH ! » Ayant bien compris que quelque chose n'allait pas, Blanche avait attrapé ses jupes à pleine main et s'était mise à courir dans le sable jusqu'à leur maison, criant pour que leur mère vienne les aider.
C'est alors que Joseph la discerna. La tache rouge qui s'élargissait de plus en plus. Il nagea plus vite que jamais, bravant les vagues qui devenaient de plus en plus violentes, comme si elles souhaitaient l'entraîner lui aussi. Et à mesure qu'il s'approchait, l'eau était de plus en plus rouge. Il parvint à se saisir d'un poignet glacé et ne prit même pas le temps de regarder ni de réfléchir, il nagea jusqu'à la plage, poussé par les vagues. La mer le recracha sur le sable et le garçon se tourna vers sa sœur, puis poussa une exclamation horrifiée.
Les courants avaient traîné le corps de sa sœur jusqu'aux rochers qui se trouvaient à quelques mètres de l'endroit où ils avaient commencé à se baigner et une vague particulièrement violente l'avait jeté sur les parois rocheuses, brisant quelques uns de ses os mais surtout, son crâne fragile duquel s'écoulait du sang, se mêlant au blond de ses cheveux. Ils avaient défié la mer et avaient tous les deux perdu. Elisabeth était morte, et Joseph devrait porter le fardeau de cet accident jusqu'à la fin de ses jours.

La mort d'Elisabeth plongea la famille Boxhall dans une sombre période de laquelle ils eurent beaucoup de mal à sortir. Joseph perdit la confiance de ses parents, Miriam devint presque paranoïaque et sur-protectrice. Blanche se plongea dans un mutisme inquiétant et le patriarche ne put que voir sa famille aller mal. Seule la petite dernière, Prudence, n'avait pas réellement conscience de ce qui se passait. Joseph en était venu à craindre la mer plus que tout, et à refuser de s'en approcher. Cette situation dura plusieurs années, jusqu'à ce qu'un jour, Joseph Senior décide qu'ils avaient tous eu le temps de faire leur deuil et d'aller mal, et qu'il fallait désormais qu'ils se ressaisissent tous, qu'ils vivent pleinement en mémoire d'Elisabeth qui était un véritable rayon de soleil de son vivant. Puis il prit Joseph à part un soir, dans la pièce qui lui servait plus ou moins de fumoir et lui servit un discours qui déterminera la ligne de conduite future de son fils. « Écoute-moi bien, mon fils. De mon vivant, jamais aucun de mes enfants ne craindra la mer au point de ne plus l'approcher. Ta sœur et toi l'avez défiée, et vous avez été sévèrement puni pour cela. Tu as appris à la craindre, à la respecter. Tu es fils et petit-fils de marin, Joseph Groves Boxhall, et il est hors de question que tu fuies ce pourquoi tu es destiné parce que tu en as peur. Tu as raison ! Crains la mer, sois terrifié par les vagues et les lames de fond, tremble à l'idée de pouvoir mourir aspiré par les abysses sous-marines. Cette peur, elle ne peut que faire de toi un excellent marin. Car c'est ce que tu deviendras. Car ce sang qui coule dans tes veines est celui d'hommes qui ont su se servir de leur peur pour devenir excellents. »
A l'âge de quinze ans, Joseph embarqua sur son premier bateau et pendant quatre ans, il voyagea aux quatre coins du monde, découvrant de nombreux pays, de nouvelles langues, des coutumes différentes. Durant quatre ans, il entreprit de gravir les échelons au fur et à mesure. Joseph fit de belles rencontres, des hommes qui virent son potentiel et n'hésitèrent pas à le prendre sous son aile afin de l'instruire. Car le jeune homme ne se cultiva pas uniquement sur le plan maritime, mais côtoya des personnes qui lui apprirent tout un tas de choses sur le monde qui l'entourait. Joseph devint un homme à femmes, séduisant aisément les demoiselles d'Amérique, d'Australie et d'autres continents. Il apprit à ne plus craindre la mer plus que de raison, et elle qui lui avait arrachée sa précieuse sœur, devint une amie. Traitresse, mais tellement belle.

Le soleil était déjà haut dans le ciel. Des cris résonnaient dans le port, mêlés aux rires des enfants et aux ordres des ouvriers qui faisaient monter d’énormes caisses dans les cales du R.M.S. Titanic. L’officier Joseph Groves Boxhall tira une dernière latte sur sa cigarette et l’écrasa dans un cendrier tout neuf présent sur le pont. Il rajusta sa casquette sur le sommet de son crâne et s’accouda à la balustrade. D’un air plus ou moins captivé, il regardait les passagers de première classe monter dans le bateau. Ces hommes aux souliers brillants et aux costumes hors de prix. Ces femmes qui portaient facilement leur poids en bijoux et en plumes sur le corps. Certaines étaient particulièrement jolies, même si un léger voile de tulle masquait leur visage pâle de femmes de la haute. Un léger sourire aux lèvres, Joseph laissa son regard se promener sur les rangées d’hommes et de femmes de troisième classe. Ces gens simples qui avaient économisé pendant des mois afin de se payer une place à bord.
Joseph laissa échapper un léger soupir puis s’en alla rejoindre une des passerelles où se trouvait un autre officier, afin de le relayer. Le garçon afficha un air soulagé et lui rappela de ne laisser monter que les deuxièmes classes par cette passerelle. Joseph hocha la tête et se tourna vers la foule devant lui. Il passa de longues minutes à contrôler les billets, saluer les familles qui passaient devant lui, jusqu’à ce qu’un mouvement de foule un peu brusque manque de faire tomber un jeune homme à ses pieds. Heureusement, Joseph eut le réflexe de le rattraper par le bras et de le maintenir debout. « Un peu de calme, messieurs dames, tout le monde aura une place, » dit-il avec un sourire malgré l’agacement qui s’emparait de lui. Il se tourna vers le passager qui le remercia timidement, l’air gêné et son sourire s’agrandit, devenant plus sincère. « Bienvenue à bord du R.M.S. Titanic, » dit-il en vérifiant le billet du jeune homme, avant de le laisser monter à bord, non sans laisser son regard parcourir le dos et les longues jambes du bel inconnu. Cette traversée de l'Atlantique s'annonçait plus qu'intéressante, à première vue. Et il ignorait à quel point...