B-ELY& SHAKE
Mais moi j'aime bien les câlins =O
J’avais vraiment un idiot. Quand je vous dis idiot, c’est juste…
Idiot. J’étais en première classe et je faisais parti de la première catégorie d’idiots. Au moins, ça allait ensemble. Vous voyez ces petits papiers qui nous servent de papiers d’identité ? Ces petits papiers où votre nom ENTIER est noté dessus ? Je l’ai fait tomber… Vous rendez-vous compte de la gravité de la situation ? Ne s’y trouvait pas Shakespeare Jillian Clarence comme je prétendais m’appeler mais bien Shakespeare etc. of Wales. Et quitte à avoir de la malchance, autant qu’elle continue jusqu’au bout… Le tout ramassé par une femme, bien sûr… De troisième classe. On découvrait qui j’étais, mes origines princières, tout comme j’avais découvert cette clandestine, Judith. Alors ? Étais-je un pauvre idiot ? vous pouvez le dire, je vous y autorise pour cette fois… Un idiot.
Mais bon, la roue a tourné au bon moment ! Plutôt que de hurler mon nom ou un « Prince » pour me le rendre, elle m’a simplement interpellé par mon prénom — c’est d’ailleurs ainsi que j’ai compris que j’avais fait tomber ces papiers, car je ne m’en étais pas rendu compte. Dieu soit loué, une seule personne — pour l’instant — avait découvert mon statut que je tentais de cacher. Imaginez ma gêne et mon désarroi pendant la conversation qui a suivi ! Je lui ai expliqué très vaguement la situation, lui demandant seulement de garder cela pour elle. Je n’entrais pas dans les détails… Et je sentais que cela allait être sujet à beaucoup de conversation. Elle avait l’air… Curieuse.
Au départ, je ne l’aimais pas. Je veux dire… Comment apprécier celle qui, sans le vouloir, avait découvert votre identité ? Et puis, elle pouvait se montrer insolente. Mais en parlant, j’ai vu quelques unes, pas toutes et heureusement (en si peu de temps), de ses qualités. Je crois que je me suis un peu attaché, au fond. Et puis, ça ne pouvait me faire du mal : l’avoir dans mes relations positives ne feraient qu’accroître mes chances qu’elle ne parle à personne de mon… Secret ? J’avais remarqué qu’elle ne parlait jamais d’elle, alors lorsqu’elle avoua qu’elle aimait de temps en temps faire des petites escapades sur le premier pont, je sautais sur l’occasion pour l’avoir dans mes bonnes grâces. Un petit
« Elyzabeth, accepteriez-vous de m’accompagner dîner ce soir ? », proposition qu’elle accepta, et… Pas amitié quand même mais bonne relation pouvait naître, peut-être.
Voilà où j’en étais. Je terminais d’enfiler mes chaussures, près à quitter mon appartement pour l’attendre en haut des marches. Je ne serais volontiers descendu la chercher, mais cela aurait très mal vu par les autres premières classes… Or je tenais à passer inaperçu. Je vérifiais que tout allait bien, et gagnais le couloir en vérifiant que j’avais bien fermé la porte. Les voleurs savaient passer cet obstacle, mais sait-on jamais… Je pourrais très bien arriver pendant qu’ils crochètent la serrure ? Trêves de bavardages inutiles. Je regagnais donc le haut des escaliers, et attendait la jeune fille. Je ne savais en quelle tenue elle allait arriver… Elle était de la troisième classe ! Elle m’avait juste avoué aimer faire des escapades sur le premier pont… Pas si elle passait presque officiellement ou si elle se cachait. Espérons qu’elle ne vienne pas en souillon.
Mais ça n’avait pas l’air d’être tout à fait son genre.
Sortant de mes pensées, je redirigeais mon regard vers les marches. Jolies chaussures. Je relevais la tête pour jeter un regard à la propriétaire, et remarquais avec stupeur qu’il s’agissait de mon invité. Je restais d’abord bouche-bée — en la voyant, jamais je n’aurais pu imaginer qu’elle était de la dernière classe — puis venait la chercher alors qu’il ne lui restait que deux ou trois marches.
« Vous êtes ravissante, Elyzabeth. Vous allez faire des jalouses dans cette salle de restaurant » Mes paroles disaient bien plus, évidemment. Elles étaient même plutôt drôles. Je m’imaginais l’expression de ces quelques femmes qui auraient désiré ressembler à cette jeune et grande blonde… Blonde qui avait monté quelques étages avant d’arriver là. Cette pensée me fit sourire. Si les autres premières classe — bizarrement plus gnangnan que moi O_O — savaient qui elle était… Ils arrêteraient de dîner aussi sereinement.